Ce qu’il faut retenir :
- L’accès direct permet aux kinés exerçant en CPTS de réaliser des séances sans prescription médicale
- Il est expérimenté depuis juin 2025 dans 20 départements
- Pour y prétendre, il suffit de s’inscrire auprès de l’ARS et de fournir un justificatif de la CPTS
- La seule obligation est de réaliser un bilan kiné systématique et de fournir au patient ainsi qu’à son médecin traitant un compte-rendu
- L’accès direct permet d’obtenir une rémunération supérieure qui conforte la reconnaissance de l’expertise kiné
Rendu possible par la loi Rist de 2023, l’accès direct aux kinésithérapeutes exerçant en CPTS est expérimenté depuis juin 2025 dans 20 départements. Pour les premiers kinés impliqués, cette nouvelle façon de prendre en charge le patient présente des avantages tout à la fois en termes de pratique et de rémunération. Et surtout pour la reconnaissance qu’elle apporte à leur métier. Témoignage du cabinet Clairlieu Kiné Sport à Villers-lès-Nancy.
« En termes de respiration pour le système de santé, cet accès direct ne peut être que bénéfique », s’enthousiasme Guillaume Plun, l’un des trois kinés de ce cabinet situé dans la banlieue de Nancy. Spécialistes de l’accompagnement de la pratique sportive, amateur comme professionnel, lui et ses collègues n’ont pas hésité longtemps avant de sauter le pas. Membres de la CPTS de la métropole Nancéienne, ils ont intégré l’expérimentation accès direct en octobre après avoir pris le temps de bien découvrir le dispositif et d’améliorer leur formation.
Une expérimentation facile à mettre en œuvre
L’accès direct, dans l’arrêté de mise en œuvre de juin 2025, ne demande pas de compétences particulières. Il suffit de s’inscrire auprès de l’ARS et de fournir un document justificatif de la CPTS pour pouvoir accueillir des patients selon cette modalité. L’arrêté précise seulement comment gérer les deux cas de figures :
- La prise en charge sans diagnostic médical et, dans ce cas, le kiné peut alors réaliser 8 séances sans prescription et sur une durée maximale de 3 mois. Cette dernière est renouvelable.
- La prise en charge après diagnostic où le kiné exerce normalement – qu’il y ait prescription ou pas.
La formation n’a donc rien d’obligatoire. Toutefois, l’équipe de Villers-lès-Nancy, a jugé utile de rafraîchir ses connaissances en matière de « triage » du patient. « C’est la condition pour pouvoir réussir cette nouvelle prise en charge, explique Julien Reb, fondateur du cabinet, être à jour sur ses compétences et sur l’interrogatoire. Et franchement, c’est une bonne façon d’utiliser son DPC[1]! ». La seule obligation de l’expérimentation est de réaliser un bilan kiné systématique et de fournir au patient ainsi qu’à son médecin traitant un compte-rendu. Des pratiques déjà intégrées au quotidien par les membres du cabinet. « Cela conforte notre façon de travailler basée sur un bilan précis, constate Romain Leray-Lescuyer, et on peut, en cas de doute, faire appel à la téléexpertise pour vérifier un élément avec le médecin traitant ou un médecin du sport si nécessaire. »
Au bénéfice du patient, du kiné et du système de santé
Avec 7 à 10 patients par semaine qui sollicitent déjà le cabinet après un mois grâce au bouche à oreille, les kinés s’estiment d’ores et déjà satisfaits de l’accès direct. « Le cas typique, c’est le sportif qui se pète le genou le week-end » raconte Guillaume, « en le voyant dès le lundi, on peut commencer directement le travail, et on évite les pertes de chances ». Le sportif n’a pas besoin d’aller voir son médecin traitant et d’enchaîner des examens si cela n’est pas absolument nécessaire. Cela résout aussi le problème du patient qui, venu sans son ordonnance, oublie de la rapporter. En somme, le constate Guillaume, « cela va aussi dans le sens d’une meilleure collaboration avec les médecins et l’hôpital que nous déchargeons ». En plus d’être bénéfique pour les patients et pour le système de santé, l’accès direct l’est aussi pour les kinés. Cette modalité de pratique leur permet d’obtenir une rémunération supérieure qui conforte la reconnaissance de leur expertise. Et sans qu’il y ait une difficulté en terme de facturation. « Dans Maiia Kiné, il suffit de se créer une ordonnance avec juste son nom, une sorte d’auto-prescription et de l’adresser avec la FSE, précise Julien, c’est très facile. » Ravis de leur expérience, les trois confrères se félicitent de cet accès direct qui, en plus de conforter leur rôle dans le système de santé, leur permet de renforcer ce qui est le plus précieux à leurs yeux : la qualité de la prise en charge et la confiance des patients.
[1] Développement professionnel continu, dispositif de formation continue des professionnels de santé